Le libeccio est un vent de sud-ouest qui frappe régulièrement les côtes de la Toscane. À Marina di Pisa, il est particulièrement violent. Il arrive face à la côte et produit de grosses vagues qui se rompent sur les rochers devant la plage, éclaboussant les façades des maisons. Le libeccio efface tout. Francesco – qui est né et habite dans une de ces maisons du lungomare dont les fenêtres sont mangées par le sel - le répète souvent : on ne peut pas être rancunier si l’on habite Marina di Pisa. Toute dispute, tout contentieux, tout litige, toute polémique sont destinés à être lavés par les éclaboussures de la mer levée par le vent. Après le libeccio, tout est oublié, on passe à autre chose, le monde recommence à nouveau, comme après un baptême. Après le libeccio, tout reprend, se reconstruit, revit. Jusqu’au prochain coup de libeccio. Il faudrait des phénomènes atmosphériques de ce type dans nos vies pour tout perdre et repartir plus légers, sans avoir rien à porter, rien à se rappeler.