Avant de partir de chez moi en vélo, j’appelais l’appartement du Lungarno Pacinotti pour dire que j’arrivais. Cinq minutes pour traverser la via San Martino, le Ponte di Mezzo puis prendre le Lungarno Pacinotti à contresens et arriver. Mais au coin entre la via San Martino et le vicolo Lanfranchi, il y avait un téléphone public. Souvent Peppe utilisait ce téléphone pour raconter des mensonges à ses parents, ses amis ou ses copines. J’en profitais : je rappelais depuis le téléphone public l’appartement du Lungarno Pacinotti pour dire que je serais en retard, qu’ils ne m’attendent pas, et on allait chez Peppe où il n’y avait pas de lumière mais où on trouvait dans le frigo de grands morceaux de ‘nduja avec lesquels on pouvait se préparer d’énormes plats de pâtes, arrosés avec un vin rouge calabrais très mauvais mais tellement pittoresque. Souls et pleins, nous nous allongions sur le canapé, humide et recouvert d’un mélange de livres et de mégots, où nous discutions du futur et de poésie.
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