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Puissance de calcul

Sans qu’aucun sentiment n’entre en jeu, il serait possible de calculer le monde, de le connaître dans les moindres détails. Sans détourner le regard, concentré dans le vide, on pourrait décréter : « avantage ». Sans aucune émotion, dans le cynisme le plus calme et le plus béant, il serait possible de discerner, de juger, de prévoir. L’humain n’est qu’un mécanisme un peu complexe, comme les échecs. La puissance de calcul de nos ordinateurs est ridicule comparée à la besogne. Mais, bientôt, il sera possible d’obtenir des calculs plus rapides et d’habiter le monde comme ce joueur d’échecs qui savait qu’en dix secondes Francesco aurait gagné la partie. Il connaissait tous les mouvements que ses mains feraient, les grimaces de son visage, la vitesse de sa respiration, les moindres clignements d’oeil. Je comprends pourquoi Francesco se sent libéré lorsqu’il joue. Libéré par la nécessité absolue qui met en échec les émotions qui absolvent de toute responsabilité. Il ne reste qu’à fonctionner.

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