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Barbituriques

C’était du dégoût probablement, ce n’était pas de la rage, ni du désespoir. Du dégoût qui se transformait en insouciance. Avant son hospitalisation, Eugen avait plongé dans la paranoïa. Il était convaincu que le monde entier complotait contre lui. Dans ses histoires incohérentes, il y avait des trafiquants de drogue, des maires complices, des menaces de mort, des poursuites. C’était plongé dans ce délire - en était-ce un finalement ? Il y avait pas mal de choses crédibles - qu’il arriva en larmes à la gare de Florence. À la suite du traitement pharmacologique, il n’en avait tout simplement plus rien à foutre. Il était encore convaincu du complot, mais cela ne l’intéressait plus. Comme ne l’intéressaient plus le succès, le Canada, Alina I., ses amis, sa vie. Miracles de la pharmacologie qui apaise et résout si bien les problèmes politiques. Plus de rage, plus de violence, plus de souffrance. Si l’on pouvait bombarder les pays pauvres avec des barbituriques, ne serait-ce pas magnifique ?

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