Je deviens bourgeois - ou alors, plus simplement, je vieillis. Le vol n’est plus qu’un discours pour moi - quand ai-je volé au supermarché pour la dernière fois ? Quelle est la dernière fois où j’ai passé une nuit blanche à flâner dans une ville ? Je le faisais assez souvent avec Peppe. Nous sortions, nous nous posions dans un bar - pas très longtemps, le temps d’une bière ou d’un whisky - et nous repartions. De longues heures de marche. Je me demande aujourd’hui comment il était possible de marcher pendant sept ou huit heures à Pise. On peut traverser la ville entière en une heure… Pourtant nous en étions capables. Nous arpentions les rues, revenant sur nos pas des milliers de fois. Le matin, vers cinq ou six heures, nous essayions de trouver un bar pour un café, qui concluait la promenade. Et à ce moment-là, la journée se concentrait sur les terrasses de café, notre véritable demeure, où nous pouvions nous reposer en lisant quelques livres pour moi, en écrivant des poèmes pour Peppe.