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Effacements

J’ai souvent rêvé de réaliser un film qui commencerait par un prégénérique où l’on verrait de l’écriture qui s’efface. L’histoire qui naît non pas de la production de traces mais de leur disparition, de l’action de les effacer, de les détruire. Si l’on peut dire que l’écriture produit le passé, il est vrai aussi qu’elle le fait disparaître. Elle souligne l’impossibilité du passé. Dès qu’on le raconte, on l’efface. Mais, si on ne le raconte pas, il n’existe pas. L’écriture est cette trahison du passé qui produit en même temps sa condition de possibilité. Il n’y a pas d’autre passé que le mensonge. Il n’y a pas de trace qui ne soit pas fictive, factice. Je revendique, encore une fois, mon statut de faussaire, d’imposteur, de voyou. Et je vous prie de me croire - mes rares et généreux lecteurs - que tout ce que je dis est faux, c’est le fruit de ma volonté de jouer avec vous. Ici, l n’y a pas d’autobiographie, ni d’autofiction. Ce ne sont que des conneries, croyez-moi - si vous le pouvez.

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